« Du vin de Bergerac, souffrez que je goûtasse et qu’à la fin du coup, ravi, je vous tuasse. » Si Edmond Rostand avait mis cette phrase dans la bouche Cyrano, nul doute qu’il aurait qu’il aurait aidé au renom des vins de Bergerac. Qui en ont bien besoin…
Le malheur de Bergerac, c’est sa richesse : 18 000 hectares de vignes, neuf appellations, trois couleurs, neuf coopératives, des centaines de producteurs. Un fou d’informatique n’y retrouverait pas ses puces. La malchance de Bergerac, c’est Bordeaux. Le géant girondin écrase le Périgourdin. Dans ce coin de Dordogne, les amateurs de vins font pourtant leur miel à peu de frais. Des vins typés (pécharmant, monbazillac, bergerac, etc.), des prix parmi les moins élevés de l’Hexagone, un accueil chaleureux. Toujours celant notre qualité de journaliste, nous avons sillonné le vignoble en tout sens et en sommes bien trouvés. Deux adresses gourmandes à noter sur vos tablettes : le « Cyrano » à Bergerac ; la « Closerie Saint Jacques » à Monbazillac. A Bergerac , l’affaire est dans le sac…
Pécharmant – Château Corbiac
Il faut parcourir un kilomètre sur une route sableuse pour parvenir à ce splendide château périgourdin. Des maçons restaurent les bâtisse. En jean et baskets, une jeune femme énergique vous reçoit, parmi les meubles sombres. « Nous étions à la coopérative et nous avons décidé d’en sortir afin de faire nous-mêmes notre pécharmant. » Nous discutons de l’incidence du prix d’un fût sur celui d’une bouteille. Ratiocinations économiques…
Ce qui nous a plu :
Accueil sympathique. Etape architectural à ne pas manquer. A ne pas manquer, non plus, les vins vendangés à la main. Le pécharmant 84 (30 F), au nez de fruits noirs, équilibré, aux tannins encore rèches. Le pécharmant 83 (35 F), de la même veine mais avec davantage de merlot (coulure en 84), de sève et de rondeur : à attendre.
in Revue du vin de France, juillet – août 1986, pages 48 & 49