par Gabrielle Marquet (1987)
Les vins de Bergerac, en Périgord, sont célèbres depuis le haut Moyen Age. Du XIIIe au XVIe, ils ont été en lutte âpre, sauvage, avec les vins de Bordeaux, pour qui ils constituaient de dangereux concurrents, surtout auprès des marchés anglais et hollandais. Les négociants en vins bordelais s’opposaient de toutes les manières : saisies, taxes, interdiction de circulation sur la Dordogne entre les vendanges et Noël, à l’entrée dans leur fief, des vins de Bergerac.
Le pécharmant (charmante colline en patois) est l’un des meilleurs vins rouges de la région. Il est produit sur les coteaux graveleux, riches en fer, aux portes de Bergerac, sur les communes de Lembras, Creysse, Saint-Sauveur et Bergerac. Il couvre un terroir d’une centaine d’hectares.
Le château Corbiac, vaste demeure Napoléon III, se trouve au cœur d’un domaine de 125 hectares (terres et bois) . Douze hectares de vignobles y produisent exclusivement du pécharmant. La propriété, où l’on a trouvé un site préhistorique de taille de pierre, et où subsistent quelques pins qui servaient de signe de ralliement aux protestants durant les guerres de Religion, appartient à Bruno Durand de Corbiac qui l’exploite, assisté de son épouse, pleine de vitalité, dont le chaleureux optimisme est communicatif. Elle est chargée de la partie commerciale et des relations publiques, domaine où elle excelle. Les vins du château Corbiac sont exportés en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas. L’engrais dont se nourrissent les vignes du château, provient du fumier des moutons paissant sur les vastes terres de Corbiac.
Château Corbiac, appellation Pécharmant contrôlée 1985, d’un grenat profond, est un vin riche, ample, velouté, aux arômes de fruits archimûrs. Ce beau vin, d’un grand millésime, saura vieillir. On le boira dans l’immédiat, ou mieux, dans quelques années, avec le gibier, la viande rouge, les pâtés, les fromages.
Gabrielle Marquet, in 120 bons vins à bon prix, Edition Calmann-Levy 1987, page 79